Mercredi
soir Charlie Winston était en concert au Bikini de Ramonville.
Des
mois que j'avais acheté ma place, des semaines que je
chantonnais avec tout le talent qu'il m'ait donné « Désolé
mon français est un petit peu confus », des jours que
j'essayais de caser (subtilement) l'évènement un peu partout dans
les conversations (« Tu me
passe le beurre? Tiens ça me fait penser que mercredi je vais au
concert de Charlie Winston! »)
: dire que j'étais impatiente serait un euphémisme.
Voulant
bénéficier de places optimales (devant, balcon), nous avons
débarqué avec ma camarade à 19h devant la salle avec notre manger
du soir. Je tiens d'ailleurs à faire remarquer ce détail tout à
fait cocasse (et passionnant) : nous avions amené le même repas
sans même nous concerter! Une salade tomate-thon-maïs, elle base
salade et moi base concombre râpé (d'accord ce n'est pas exactement
le même repas mais avouez que la ressemblance reste troublante).
J'imagine que pour les garçons ce genre de situation peut sembler
moins surprenant étant donné la variété de repas sur le pouce
dont ils disposent : sandwich pâté ou sandwich saucisson. La
probabilité de se retrouver avec le même repas en est donc
fortement augmenté. Bref.
En
première partie, il y avait Medi & The Medicine Show. C'est
français mais c'est chanté en anglais et en plus c'était vachement
bien aussi. Medi quand il chante c'est un peu comme le gars qui vous
joue un morceau de guitare et qu'on dirait qu'ils sont quatre à le
faire et qu'en plus il a l'air de trouver ça facile et qu'il vous
fait vous sentir, disons, un peu comme une merde, et ça vous donne
juste envi de laisser tomber votre guitare pour une autre activité,
moins risquée, du tricot par exemple. Donc Medi sait chanter et
aussi jouer de la guitare et aussi jouer du piano et il a plein de
cheveux frisés. Il a aussi des vêtements qui vont très bien avec
sa façon de danser, en particulier le slim et les chaussures en
pointes. Je ne suis pas sûre que ce soit très parlant, là comme
ça, mais en tout cas je vois très bien ce que je veux dire.
Et
puis finalement, ENFIN!, Charlie est arrivé.
Charlie
a quelque chose de ces petits garçons aux yeux pétillants qui
attirent l'attention de tout le monde par leur bagou et leur énergie
débordante, et qu'on ne peut s'empêcher d'observer avec un sourire
béat. On a très envi de le suivre dans son monde et l'écouter nous
raconter des histoires et l'accompagner faire des bêtises.
Déjà
en CD ça donne la patate. Mais là,
en live, c'est
incomparable. C'est au moins patate au carré. Impossible
de rester à dodeliner de la tête façon « concert de jazz ».
On tape du pied et des mains (à en avoir de la corne sur les paumes
et en perdre des phalanges) et pour les plus intrépides d'entre nous
on crie « WAHOUUU!!! » à s'en décrocher les cordes
vocales (j'ai été très intrépide ce soir là).
Puis
il y a des moment où c'est plus calme et c'est juste beau, touchant,
on est transporté loin, et quand le morceau fini, c'est pas facile
de revenir.
Medi
était toujours là, mais à la batterie cette fois, et j'ai blagué
à ma camarade « Je suis sure qu'il sait aussi jouer du
triangle » (et effectivement plus tard il a joué du triangle).
J'ai
aussi découvert avec plaisir d'autres talents de Charlie : il fait
très bien le human beatbox et puis surtout, SURTOUT, il sait
danser. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce qu'on peut
ressentir devant un tel spectacle alors j'utiliserais ceux de
Bartholomew JoJo Simpson qui me
semble parfaitement résumer cela : ¡Ay,
caramba!
A
un moment, Charlie a demandé aux gens dans la fosse de se séparer
en deux. Du balcon où j'étais j'ai vu une allée se dessiner
entre les gens... et Charlie descendre de scène et traverser le
public. Alors maintenant je voudrais poser une question : pourquoi la
SEULE fois où je décide de ne PAS aller dans la fosse, l'artiste
que je viens voir décide de s'y balader? Hein? Hein?? J'ai fait
quelque chose pas bien et ça a contrarié le grand barbu là-haut
c'est ça?
Il
a avancé jusqu'à l'emplacement de l'ingé son et a présenté toute
son équipe (sans micro parce que le câble n'avait plus de jeu) puis
il est partie dans le fond, quelque part sous mes pieds. Et tout le
monde « Où est Charlie? » (elle est facile mais je la
laisse quand même). Et là, comme si je ne soufrais pas assez, j'ai
entendu une fille qui remontait de la fosse, toute chamboulée,
raconter à ses amis juste à coté de moi : «Il [Charlie hein]
m'a pris par le bras et il m'a dit « come into my swimming
pool [sous entendu « le public »]». A ce moment
précis, j'ai trouvé la vie vraiment très injuste.
En
rentrant j'ai dû me préparer une verveine pour me calmer de toutes ses émotions et
j'ai même rajouté du miel pour la gorge parce que j'avais beaucoup crié.
Ça n'a pas marché.
Photo : Pascal Codron