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rock'n'road
7 mai 2010

Concert : Editors à Berns, Stockholm

Editors_Berns_01

In This Light And On The Evening introduit le concert. Le rythme est lent, sombre, hypnotisant. Ce morceau est une invitation, il semble te dire « vient nous rejoindre dans notre monde », il t'enveloppe et t'emporte tout doucement. Personne ne bouge. Tout le monde observe et attend, car tout le monde sait ce qui se prépare.
Les guitares et la batterie apparaissent, bruyantes, résonnantes, libératrices. Dès les premières notes, l'ambiance se métamorphose brutalement, la fosse est transportée et semble exploser, gesticulant et sautant. Parce que tout le talent d'Editors, c'est d'arriver à te tenir en haleine même dans les moments plus posés car ce ne sont pas comme des instants de repos, presque un peu chiant, où tu reprends ton souffle après un refrain déchainé, mais des instants de tension latente, quasi palpable, où tu trépigne d'impatiente parce que tu sais que ça va péter.

Tom Smith -le chanteur- est absolument fascinant. Il a le regard absent, la bouche ouverte, il secoue la tête (un peu à la manière d'un pigeon), titube, envoie balader son pied de micro. Sans le contexte, on se dirait « ok, ce gars est complètement défoncé » mais là, on doute. Il semble à la fois être complètement ailleurs et en même temps être tout à fait conscient de ce qu'il fait (puisque qu'il est train de jouer et chanter quand même). C'est comme si Tom était entièrement dans sa musique, ou possédé par celle-ci, et n'avait plus conscience du reste, de ce qui l'entoure. Les échanges avec le public se limite quelques mots à un moment puis le reste se résume à un ou deux « thank you » voire même un « thank you very much » inusité (je tenais à le placer).

Mais apparemment, je ne suis pas la seule que Tom captive.
Quand il se rapproche de la scène, des bras s'étirent à s'en déboiter la clavicule dans l'espoir de le toucher (et c'était un effort vain). Sauf que ce n'est pas le genre de personnes que je m'attendais à voir réagir de cette façon. Il me semble que le public d'Editors est principalement composé d'hommes et justement ce n'est pas Jennifer, 16 ans, sa frange sur le côté et son iPod, en slim et converse, mais plutôt Michel, 47 ans, ses cheveux grisonnant et sa collection de vinyle, en jeans et vieux t-shirt (j'aime bien les clichés) qui trépigne à l'approche de Tom.

En tout cas, ce concert d'Editors est le plus formidable, prodigieux, extraordinaire, merveilleux, incroyable, époustouflant, renversant spectacle que j'ai jamais vu. Editors a pris mon âme et l'a envoyé valser très loin là-haut. Ils m'ont arraché les tripes et le cœur et la tête, les ont retournés, agités, secoués, et ont tout remis en ordre. Mes chakras sont alignés, mon cholestérol est bas, je vais bien. Je n'ai plus besoin de thérapie ou de drogues ou de religion, j'ai trouvé les réponses à mes questions, un sens à ma vie, la solution du bonheur. Je sais où je veux mourir. Ici, là, pendant un concert d'Editors. Je veux mourir d'épuisement. Ou écrasé contre les barrières. Ou des suites de blessures à trop taper dans mes mains. Ou prise d'une terrible crise d'épilepsie à cause de ses putain de spots.
De toute façon, je serais déjà un peu au paradis.

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Photos : Jessica Lund (d'autres ici)

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